les ouvertures sont
_ présentation_ _ photos_ _ presse_ _ plus _
 
notes de mise en scène

Les ouvertures sont

Théâtre de chambre, concert-parole…

Bon, tenter la remontée aux hautes sources du plateau, qui est le corps, et au corps du corps, qui est la voix.

Un petit voyage intérieur, à l’intérieur de la parole, et de sa fabrique.

Zoomer donc de l’espace à l’acteur, cadrer sur son corps, mieux : sa bouche. Voilà, rester là, la bouche, et ce qui en sort, le fil de la voix, la mécanique du souffle, tentative pour entrer dans cette usine-là par cette ouverture-là : la bouche.
Connecter sur spectateurs, très exactement leurs oreilles.
Pas bouger. S’efforcer d’attirer les oreilles sur le plateau, par aimantation, voir carmen, charme, incantation. Y-a-t-il encore place pour les oreilles ?
Pour un théâtre de la bouche, voire des lèvres, rideau des lèvres ; murs, mer, murmures.

Faire éloge de la pensée et de son libre fil. Montrer la pensée par vagues successives.
Entrer dans sa vraie logique qui est aussi celle du son, de la couleur, et des rêves. Mettre ça à voix haute, enfin pas trop, non. Pas détruire jolies volutes bleues. Non-non.
Pensées papillotantes, lumières qui flottent, bribes de sens.
Prendre un bain de phrases. (Plan arrière : la rumeur, ou le bruissement, du monde.)

Grande évidence, petit mystère : l’être humain parle en expirant. Il parle sur son expir, mieux, il l’utilise, le détourne, broye le souffle, le malaxe, le sculpte de sa langue et de tous ses muscles buccaux pour en faire: parole. Pur parasitage ! « Commensalité » dirait le petit héron perché, commensal, sur son hippopotame. Mystère, deuxième : mon corps est traversé d’air, d’univers, bref d’extérieur. Scandale : mon très intérieur est en réalité un très extérieur ! Et ce que j’appelle mon corps est en réalité, fragile épaisseur entre paroi interne et paroi externe, le mince vêtement de ce conduit. Périssable et léger, à peine épais.

Explorons voir cette ouverture-là, et quelques autres, du corps.
Puis re-zoom, mais arrière, autres orifices : dans les maisons, les trains, et ces trous que font les vers dans la terre, et les galeries minières qu’opèrent d’autres vermisseaux.
Que dire alors de tous ces murs qui s’efforcent de stopper le flux, frontières des états, portes et cloisons des maisons, peaux des corps ?Lever l’ancre avec des acteurs-aventures, aimés aussi pour leur oreille et leur goût de la forme.

Parler, chanter, parler-chanter, chantonner, chantouiller, chanter.
Petit chœur quotidien, à deux.
Jouer avec eux le jeu –la carte– d’un théâtre de l’intérieur, et du très intérieur, qui est l’intime. Jouer la magie, ou bien sinon tant pis.

jacques robotier - décembre 2001

 
©bertrand couderc

extrait

l y a aussi des ouvertures dans les autos, les bateaux, les avions. En
avion elles sont généralement fermées.

Un vélo n'a que des ouvertures et pas de fermetures. A vélo, on peut presque
rouler sur une frontière, sans appartenir à aucun pays

Chez les Grecs, l'ombilic de la terre est la passe des enfers, l'entrée, ou
la sortie du séjour des ombres, le centre du monde.

Aujourd'hui, dans les trains, il n'y plus d'ouvertures, il n'y a que des
fermetures. (Lorsqu'ils sont en service.) Dans les trains, les fenêtres ont
été, sont, remplacées par des vitres.

Plus un train, un avion, va vite, et moins il est ouvert.

Il existait de nombreux centres du monde.
Aujourd'hui, charnière du vingtième et du vingt-et-unième siècle, on observe
dans les villes de nombreux bâtiments transparents de fenêtres, de portes,
et de murs.
L'existence généralisée de larges portes vitrées régulièrement fermées
semble être la caractéristique de notre époque.

Attention, sécurité!

On pourrait ainsi aisément montrer la corrélation profonde entre les humains
et les papillons.

Une charnière est une frontière capable d'articulation.

De Saarbrück à Forbach le charbon s'étend sous la terre, galeries, voies
ferrées, un kilomètre plus bas des mineurs en chariot traversent la
frontière, ils ont leur propre douane.

Un charnier porte souvent la marque étroite de l'invisibilité.

Aujourd'hui, 6 mars, nous roulons en automobile, nous roulons sur des
mineurs.

Chaque jour un grand nombre de vers de terre passent également la frontière,
sans aucun contrôle. Un grand nombre de vers de terre passent
quotidiennement la frontière, en toute illégalité.

Les filons de houille ne reconnaissent pas les pays. Les filons de houille
ignorent la douane. La douane en revanche cherche, cherchait, à voir la
houille.

Dans les systèmes de pensées, les pensées sont fermées avec système.

Dans une école, dans une classe d'école, il y a au moins une porte et au
moins une fenêtre. On entre et on sort pratiquement toujours par la porte.

Les hommes s'essayent à fermer les inévitables ouvertures dans les systèmes
de pensée, mais il n'y arrivent pas vraiment. On parle alors souvent de…
théorie.

Pas vraiment, vraiment pas.

Citez ce qui jouit de la plus libre circulation : les marchandises, les
idées, l’argent, le sable, les gens.
Classez-les dans l’ordre.

Une théorie est également une procession. Dans les théories, les pensées
font une procession, et se serrent les unes derrière les autres pour laisser
entrer le moins d'air possible.

Dans une maison, il est très difficile d'éviter toute espèce de courant
d'air, surtout si l'on souhaite une circulation, ou un renouvellement, de
l'air.

On peut également fermer hermétiquement un corps, mais ce n'est pas
souhaitable.

Un corps hermétiquement fermé cesse très vite d'être un corps.

Dans une maison, dans une chambre, dans un corps, il est très difficile
d'obturer avec perfection toute ouverture, surtout si l'on souhaite
respirer.

Lorsqu'on pense à son silence, il se tait soudainement.
.../...


© le dos de la langue
editions gallimard 2000

 

   
   
 

Die Öffnungen sind


(Anfang.... )

Die Atemzüge können schnell, langsam oder durchschnittlich, normal sein.

Die Zeitwörter Verben rennen schneller. Deshalb werden sie auch nicht grossgeschrieben.

Man spricht, man wird in einem einzigen Atemzug ( einmaliges Ausatmen ) sprechen, wie ein gespannter Bogen, ohne Unterbrechung, ohne Löcher.

Ohne Luftlöcher ( der Stille ).

Drei, zweieinhalb Atemzüge ( Einatmen + Ausatmen ) werden die Sätze voneinander trennen und miteinander verbinden, also ein Einatmen, ein Ausatmen, ein Einatmen, ein Ausatmen, und ein Einatmen.

Die Sätze werden immer ausatmend gesagt, und nicht andersherum, oder im Gegenteil. Die Sätze werden beim Ausatmen getragen, das Ausatmen trägt die Sätze. Ein Satz, ein Ausatmen.

Wenn gesprochen wird, erscheinen daher die Atmungszyklen seltsam unsymmetrisch (aber sie sind es nicht).

Der Atmungskreislauf scheint zu hinken, aber das erscheint nur so. Beim Träumen werden wir versuchen normal zu atmen.

Beim Träumen ist die Atmung durchschnittlich, normal, mittelmässig, grossartig.

Beim Träumen wird die Atmung mittelmässig, das heisst durchschnittlich.

Man sagt auch tief, obwohl sie in Wirklichkeit oberflächlich ist. Es kommt dabei nur eine geringe Menge Luft (ungefähr 30 cm3) ins Spiel.

Wenn man auf Durchgestrichenes stösst, sollte man plötzlich und kurz die Luft anhalten, wie wenn man jemandem zu Trinken einschenkt und darin innehält, um ihn zu quälen, zu ärgern.

Die ausgestrichenen, durchgestrichenen, danebengegangen Wörter können auch an einen ab und zu tropfenden Wasserhahn erinnern.

Je tiefer der Schlaf, um so oberflächlicher ist die Atmung. ( Es kommt dabei nur eine geringe Menge Luft, ungefähr 32 cm3 ins Spiel ).

Regel : Das Ausmass der ausgeatmeten Luft entspricht dem Ausmass der eingeatmeten Luft, ausser im Falle eines Unfalls.
Man kann sagen, dass der Atmungsaustausch eine Nullsumme ergibt.

( Dieses unverschämte Ein- und Aussetzen der Wasserhähne. )

Ein Unfall ist immer möglich.
Man ist nie vor einem Unfall sicher.

Ein Wasserhahn ist nicht offen oder zu ( binär ), sondern mehr oder weniger offen oder zu, bis dass er völlig offen, oder zu, ist.

Ableitende Ordnung, Gegenläufige Ordnung. Diskursiv geordnet. Gegenkursiv geordnet.

Ein Unfall passiert so schnell.
.../...