réponse à la question précedente (1998)
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  libération - 28 avril 1998  
   
 

les inrockuptibles - 22 au 28 avril 99

Extrait

.../ Jacques Rebotier et sa troupe sont surtout des gens qui, en toute légèreté, prennent le jeu du langage à coeur et s'amusent avec le théâtre par tous les bouts. Si tout semble se faire dans un joyeux bazar, c'est en fait une précision métronomique qui se cache derrière l'ensemble. Leur seul élément aléatoire est une poule qui n'en fait qu'à sa tête et ne suit que ses instincts de poule : picorer, caguer et même parfois voler. Comme elle, les acteurs se perchent, caquettent et déambulent, cherchant parfois à rivaliser avec le gallinacé. Grillagée, cloisonnée mais toujours aérée, la scène est constituée d'effets de transparence, de rapports de matières - le fer, la toile, le voile -, comme pour souligner que les frontières ne sont jamais totalement hermétiques et qu'à la division de notre espace de représentation mentale correspond celle de l'espace scénique. Pour déguster ce spectacle, un conseil, mettez en veilleuse votre hémisphère rationnel et laissez-vous aller au pur plaisir de l'état de désordre dans lequel est mis votre bulbe rachidien.

Véronique Klein

rouge - 30 avril 98

Comme tous les électrons libres de la poésie, du théâtre et de la musique, Rebotier va d'Est en Ouest, mettons Georges Perec et Bobby Lapointe, et du Nord au Sud, disons Jarry et les Marx (ou, au moins, Groucho). Topographie du jeu de mots et des mots du jeu dans le dédoublement d'une question recto-verso : le théâtre et le cerveau. Double scène d'un foisonnement grave et facétieux où le chirurgien, enfin, accepte le nom de son alter ego dans l'almanach des Pieds-Nickelés, " charcutier " cerveau, et cervelas. A consommer sur place ou à emporter ? Sur place, c'est mieux. L'alchimie des mots et celle des nombres, dessinant un cabaret burlesque du sens, font de la gymnastique, du cirque, de la cour de récrée, et même du souterrain façon RATP (" espace de transport ", " espace non fumeur " et, c'est nouveau, " espace de pickpockets "), puisque le théâtre des mots résonne de normes et d'interdits. L'inter-dit d'entre les lignes de mots où Rebotier traque, la musique aidant, les sens impromptus et les raisons vacillantes. Car les mots sont musique, rythme, assonances et dissonances, allitérations et chaos offert au poète. Trois acteurs et une volaille, qui dit théâtre dit poulailler, donnent (leurs) corps à cette randonnée cervicale, éloge de la poésie cognitive, des questionnaires furtifs et des cases-réponses manquantes.

libération - 28 avril 98

En attendant la Coupe du monde, on ne saurait trop conseiller d'aller s'offrir une partie de mots en l'air au Théâtre de la Bastille: "Maillot saute Défense, passe à Manque, trompe Position, touche Touche lance Crampette et Bouton, monte Filet (fait main), Ailier fait pour être débordé par les ailes, prend le meilleur de Cuisse, qui ar-ra-che Egalisatiotn donne l'avantage à: Score ! " Jacques Rebotier, cinquante-deux mois après avoir hanté les combles de l'Athénée revient à la Bastille poser sa Réponse à la question précédente. Où l'on retrouve les trois joueurs principaux (Jardin, Cour et Plateau, soit respectivement Emmanuelle Zoll, Marie Pillet et Vincent Ozanon, ailleurs nommés Cerveau, Cervelle et Cervelas), plantés au garde à vous pour les hymnes : "C'est quand on comprend rien qu'on comprend tout quand même on comprend tout on comprend rien, tu vois c'est tout c'est bien c'est dur... c'est mou... ça dort, c'est doux... c'est mûr.. c'est mort ( ... )". Fin technicien, spécialiste des changements de rythme, Rebotier fait partition de tout. Et arpente un théâtre où le plaisir de la langue fait son miel de tout, silence et craquements compris.

René Solis