jacques robotier
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Poète, Jacques Rebotier a notamment écrit : Sortir de ce corps (Créaphis), Le moment que (Spectres familiers), L'attente (Æncrages) Le désordre des langages, 1, 2 et 3 (Les Solitaires intempestifs), L’empierreuse, (Harpo et) , Litaniques (Gallimard), Le dos de la langue (Gallimard).

Son Théâtre est publié aux Solitaires intempestifs.
Auteur et metteur en scène, Jacques Rebotier fabrique des spectacles dérangeants et joyeux qui allient une écriture exigeante au sens de l'insolite, ou plutôt de l'"incongru": ce qui refuse de se mélanger.
Il a fondé la compagnie voQue: voix, invocation, équivoque aussi. Y circulent, par dessous les frontières, poésie, roman-photo, lecture-performance, théâtre-installation, danse, musique.

Derniers spectacles :Réponse à la question précédente, La vie est courbe, Théâtre de l’Athénée, Vengeance tardive, .Théâtre national de Strasbourg, Eloge de l'ombre de Tanizaki (mise en scène), Théâtre des Amandiers, (Voir plus haut), spectacle de cirque-théâtre, Chalons-en-Champagne, Avignon, Zoo-musique, Grenoble, Frontière-frontière, Forbach-Saarbruck, Le théâtre des questions, utopie-spectacle.en cours dans de nombreux pays.

Dernières œuvres musicales Plages, La musique adoucit les sons, Requiem, 66 Brèves pour 66 instrumentistes, Chants de ménage et d’amour.

 
     
  polymorphe virtuose par david lescot  
 

Il y eut un temps où la Science n’était pas totalement séparée de la Poésie, où l’on prétendait appréhender le Monde et sa connaissance par le poème. C’était le temps de la Renaissance et de l’Humanisme, celui où Guillaume Salluste du Bartas écrivait La Sepmaine (1580), un poème encyclopédique retraçant la Création du Monde, et aussi, sous forme poétique, un condensé de tous les savoirs de l’époque.
Je crois que Jacques Rebotier est aujourd’hui le seul descendant de cette tradition très oubliée du poème encyclopédique, celle de Du Bartas ou de Pontus de Tyard, et bien avant eux, dès le Moyen-Age, d’Isidore de Séville. Je vois en Jacques Rebotier un érudit humaniste, unique en son genre, virtuose polymorphe, égaré dans ce monde de spécialisation unique. Il n’est pas non plus touche-à-tout, c’est-à-dire dilettante attiré par les matières les plus diverses et les pratiquant en amateur. Il est spécialiste de tout ce qu’il touche : la poésie, la composition et la notation musicale, la mise en scène de théâtre, l’étymologie. À la Sorbonne ou à l’Ecole Pratique des hautes études, il a écrit des mémoires sur le langage symbolique de l’alchimie, ou sur les rapports de celle-ci avec la musique. Lorsque quelque chose l’intéresse, Jacques Rebotier l’étudie très sérieusement.
Mais l’esprit de sérieux n’est pas son fort, alors il avance par coq-à-l’âne, associations, dérapages, lapsus, calembours. Plus c’est gros et approximatif, plus c’est polysémique surtout, et plus il aime. Il dit que c’est un autre poète, Jean-Pierre Verheggen, qui l’a totalement décomplexé sur ce plan-là. Et il raconte comment dans le récital de Plages, œuvre poético-musicale, Michael Lonsdale assumait un inavouable « j’ai envie de faire l’amoule avec toi… » et comment toutes les personnes dans l’assistance se demandaient si elles avaient bien entendu, s’il avait bien osé dire ça (ce qui sur le disque ne laisse aucun doute).
À moins que le calembour ne soit instrument de vérité, en ce qu’il révèle la vanité des savoirs, des langages et des systèmes. Il y a quelques années, au Festival de la Mousson d’Été en Lorraine, Jacques Rebotier travaillait sur son Encyclopédie de l’Omme. Il donnait chaque jour une sorte de consultation publique où l’on pouvait lui poser toutes les questions qu’on voulait sur n’importe quoi, et lui il y répondait, et c’était extrêmement instructif. Par exemple, on n’avait jamais remarqué auparavant que l’autoroute, c’est la route qui se roule elle-même.
Rebotier pratique souvent la conférence. On le voit arriver seul ou avec un acolyte, et on a l’impression d’un scientifique des phénomènes de langage, qui se serait penché sur des manifestations très quotidiennes de nos façons de parler, pour nous les restituer dans leur étrangeté métaphysique. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas le sens, ce sont les intonations, les silences, les hésitations, les façons qu’on a de laisser une phrase ouverte. Il a fait un spectacle là-dessus, Les Ouvertures Sont, qui parle des ouvertures, trous, fuites en nous, dans nos corps, dans nos phrases, mais aussi dans le monde. Tout ce par où passent, circulent les choses, les mots et les êtres. Et à l’inverse tout ce qui les retient : obstacles, parois murs, murailles, blocages, frontières.
Parfois, lors de ses spectacles ou de ses conférences, on assiste à un morceau à l’unisson, un texte proféré à deux, souvent des mots assez anodins, des choses de la vie conjugale, par exemple, mais dits ensemble, dans un effet de superposition parfait, sur la même intonation exactement, c’est à dire sur la même mélodie. Ça produit un curieux effet sur la parole quotidienne, cet unisson : une profonde vibration qui l’objective et la décompose. On l’entend cette parole, comme on ne l’avait jamais entendue, on la saisit et à travers elle on saisit un peu la condition humaine.
Ce sont des mots et c’est de la musique. Rebotier compose pour les acteurs et écrit pour les chanteurs. Il n’y a qu’une seule de ses interprètes, à ma connaissance, qui soit les deux à part égale : Elise Caron. Et quand dans le spectacle De L’Omme elle dit « J’aime le vent », qui est un morceau de musique textuelle parlée très écrite mais sans mélodie, on se demande comment elle fait.
Pour les acteurs qui ne lisent pas la musique, Jacques Rebotier a mis au point un système de notation du texte qui indique lorsqu’on doit monter ou descendre la voix, et qui permet donc de produire ces unissons dont j’ai parlé plus haut. Ca donne à ses textes sur le papier une apparence bien inédite. Lui, il vous dira que ce n’est que la poursuite d’une tradition très ancienne de notation musicale, celle des neumes, qui remonte au VIIè siècle de notre ère. 
Et le théâtre dans tout ça ? Je retiendrai deux de ses titres pour en parler : 7 Théâtres impossibles et surtout Le Théâtre est un Théâtre, et je crois qu’on a tout dit.
Il n’empêche que c’est sur la scène de théâtre qu’il a choisi de faire résonner cette poésie qui est tout sauf une fuite hors du réel, mais au contraire un désir d’hyper-réalité, et aussi une manière d’approcher, par le langage, le fonctionnement de la pensée. Je pense à Plages et Re-Plages, polaroïds poétiques, instantanés phénoménologiques de l’être humain sur le sable, sous le soleil, face à la mer, avec tout ce qui l’entoure, son milieu, les coquillages, sa vie. De tout cela Rebotier fait poème, et du même coup fait théâtre. Son matériau : la réalité, la plage, le devenir des mots, mais aussi un formulaire de satisfaction, ou un panneau d’avertissement urbain.

Moi je pense à lui chaque fois que je m’arrête pour faire le plein d’essence dans une station-service. Si l’on n’a pas de carte de fidélité, la pompe affiche sur l’écran « Abandon fidélité ». Ça, à mon sens, c’est du pur Rebotier.


Carnet de lecture n°.16, Aneth-Art

 
     
     
  au tour de jacques robotier
 


un document de 25 pages sur jacques robotier
édité par voQue et nanterre amandiers 1998
 
   
 
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Jacques Rebotier ist Schriftsteller, Komponist und Regisseur. Seine Arbeiten sind verstörend und fröhlich, seine anspruchvoll-poetischen Texte sind ungewöhnlich und “unpassend” im Sinne von “zu verbinden, was zu verbinden sich weigert”.

1988 hat er die Compagnie voQue gegründet: voix (Stimme), invocation (Anrufung) aber auch équivoque (doppelsinnig). So vermengen sich, über alle Grenzen hinweg, Poesie, Theater-Installation, Musik, Foto-Roman, Tanz, Performance-Lesung, Zirkus...
In erster Linie interessiert sich Jacques Rebotier für die Verbindung von Musik und Text. Er selbst praktiziert sowohl die gesprochene Poesie als auch die konzertante Lesung, eine von ihm erfundene Form.

Inszenierungen (u.a.):
Réponse à la question précédente, La vie est courbe,Vengance tardive - Text und Regie; Eloge de l’ombre - Regie; (Voir plus haut), Abschlussaufführung der Gruppe 10 der staatlichen Zirkusschule von Châlon-en-Champagne - Konzeption, Text und Regie; Zoo muzique - Text, Musik und Regie; Frontière-Frontière - Text und Regie.
Er hat insbesondere am Theater de l’Athénée - Paris, dem Théâtre des Amandiers - Nanterre, dem Quartz de Brest sowie dem Théâtre national de Strasbourg gearbeitet. In Deutschland wurden bisher Zoo muzique sowie Frontière-Frontière gezeigt.
Veröffentlichungen (u.a.):
Sortir de ce corps, Céaphis; Le moment que, Spectres familiers; L’attente, Æncrages; Le désordre des langages 1, 2 et 3, Les Solitaires intempestifs, Litaniques, Gallimard, Le dos de la langue, Gallimard.

Kompositionen (u.a.):
Accidents de discours, Keno ko-an, P(l)ages, Todo bem, La musique adoucit les sons, Mélodrame de laine, Je te dis : rien, Fragments d’un dictionnaire de musique à l’usage de ceux qui n’en n’ont pas besoin, Miserere, Chants de ménage et d’amour.
Seine musikalischen Werke wurden u.a. vom Ensemble 2E2M, les Cuivres de l’intercontemporain, Ars Nova, Accroche Note, Aleph, Le Banquet, l’Orchestre National de Jazz, les Jeunes Solistes sowie zahlreichen Solisten (Gérard Buquet, Elise Caron, Jean-Pierre Drouet, Brigitte Sylvestre, Gaston Sylvestre, Martine Viard, Françoise Kubler, Pascal Contet...) interpretiert.

Nach einem Diplom der Religionswissenschaften an der Ecole Pratique des Hautes Etudes hat Jacques Rebotier sein Doktorat als Musikologe an der Sorbonne abgeschlossen, wo er anschliessend 10 Jahre als Dozent tätig war. Er ist ebenfalls 1. Preisträger des Conservatoire national supérieur de musique von Paris.

 
   
 
  presse
 

les inrockuptibles

Ombre japonaise

Le musicien Jacques Rebotier a composé pour des formations aussi prestigieuses que l'Ensemble Intercontemporain. Un enfermement dans un code musical n'est pourtant pas son genre. Ecrivain et homme de spectacle, sa nouvelle mise en scène du chef-d'œuvre de Junichirô Tanizaki, Eloge de l'ombre, est un défi au théâtre.

"J'aime travailler dans le chaos, avoir plusieurs chantiers qui avancent en même temps."
Rebotier n'est jamais là ou on l'attend. Pas par souci d'échapper à la critique, plus par seconde nature.
"A l'école, en cours de maths, je faisais mes devoirs de français; en français, je révisais les cours d'histoire, et ça ne s'est jamais vraiment arrêté. "
L'idée de carrière est définitivement absente de son vocabulaire. Si l'on devait absolument caractérisé ses activités, le seul terme adéquat serait compositeur.
"Quand j'étais enfant et adolescent, j'écoutais énormément de musique, du classique comme Johnny Hallyday et puis j'ai fait du piano, mais sans plus de passion que ça. En fait, vers l'age de 12-13 ans, je composais déjà de la musique, parfois avec du texte. Je n'arrivais pas à jouer mes compositions, mais je les entendais dans ma tête. Un jour, ma prof de piano m'a arrêté en plein milieu d'une gamme et m'a dit : "Tu ne voudrais pas être compositeur?" Ce fût sans doute un déclic, l'idée que c'était possible. "Cependant, même si Jacques Rebotier ne pourra jamais se faire à l'idée du plein-temps, il ira jusqu'au bout de la démarche en faisant des études de musicologie et en entrant au Conservatoire de Paris."Là encore, au lieu de m'intéresser pleinement aux cours, j'étais passionné par les leçons de percussions iraniennes que je prenais à l'extérieur. J'ai bien trouvé au Conservatoire quelques enseignants géniaux, souvent à côté de la plaque, notamment un prof d'esthétique qui voulait ouvrir une classe de mots croisés, mais en gros, l'ambiance était épouvantable. L'idée de faire partie de ce marché de bêtes à concours m'a écœuré. " A l' entendre, on pourrait croire un instant qu'il tient impérativement à relever de la catégorie artiste-maudit asocial. Mais c'est mal connaître le bonhomme qui s'est frotté, plus que bien d'autres, à la dure réalité. Après avoir dirigé des chorales, il va s'occuper pendant plus de sept ans de la vie musicale de la riante ville de Sarcelles."C'était passionnant, je m'occupais à la fois de l'éducation musicale, de la fête de la Maison des jeunes et de la composition des morceaux avec l'harmonie municipale."
Après cette expérience, il est appelé à diriger le conservatoire de Levallois, où un certain Balkany le fait virer manu militari par la police municipale. Procès gagné pour voie de fait et licenciement abusif, il aurait pu avec quelques raisons aller voir ailleurs, mais il reste sur place pour aller jusqu'au bout. En réalité, toutes ces activités se font parallèlement à ce qui le préoccupe en permanence : l'écriture."J'ai toujours écrit. La musique, c'est par périodes. Les fictions et nouvelles : tout le temps. En ce moment, j'écris un roman. Je fais aussi de la photo et marie le tout avec des "poèmes-photos". J'en prépare un sur les amours d'une serpillière et d'un boulon!"
On allait presque l'oublier, Rebotier manie aussi, avec une certaine délectation, humour et calembour. Alors, pourquoi ce musicien-né qui a plus de cinquante œuvres à son actif, interprétées par les plus grands ensembles, se retrouve-t-il dans ces pages ?"D'une part, j'ai eu envie de sortir du livre, de transposer sur scène un certain nombre d'idées qui se dégageaient de mes textes et d'autre part, j'ai voulu montrer des corps de gens qui jouent de la musique, les faire évoluer dans l'espace avec leurs mouvements de musiciens."Certes, la démarche se conçoit bien, mais encore faut-il avoir quelque chose à raconter pour ne pas rester scotché à une chorégraphie primaire, et là, Rebotier a trouvé une mine infinie d'inspiration : le quotidien."Ce qui m'intéresse, c'est le libellé d'une étiquette sur un pot, le texte d'un menu, ou un extrait d'article de presse traitant d'économie. J'aime créer des îlots hyper écrits au sein de choses plus lâches. " Il aime la langue au-delà de toute raison. "Imagine qu'on fasse une coupe, là, tout de suite, tu te rends compte de tous les sons qui sortent des bouches sur la terre à la même seconde . J'aimerais vraiment entendre l'ensemble de ce son-là."Le musicien-compositeur n'est jamais très loin, le musicologue-linguiste non plus :
"Regarde cette stupéfiante audace avec laquelle elle s'est elle-même désignée, "langue", oser appeler cet ensemble sans cesse mouvant de sons, de signes, depensées, qu'utilisent des millions de penseurs-locuteurs, du nom d'un petit morceau de chair, au demeurant peu ragoûtant, c'est un peu comme si tout ce que l'on dessine, peint, filme, l'histoire aussi de cela, toutes les images qui se déposent ou peuvent se déposer sur toutes les rétines, on l'avait appelé l'œil..."
Rebotier écrit toujours ses spectacles, ils ont pour titre Aphorismes et périls, Des équivoques à la voix, La Musique adoucit les sons, Réponse à la question précédente ou Vengeance tardive. Ces jours-ci, il entre par effraction dans un chef-d'œuvre de Junichirô Tanizaki nullement écrit pour le théâtre, et tente encore l'impossible."Ce qui m'intéresse dans Eloge de l'ombre, c'est cette défense et illustration d'une esthétique. Montrer à tout prix l'apport de l'ombre. Quand tu éclaires avec une lumière frontale tu dé-hiérarchises l'information. Pour voir la matière, le grain, il faut éclairer de travers. L'ombre permet de montrer l'entre-deux. On ne sait pas vraiment si c'est propre ou si c'est sale c'est l'amour du douteux. J'ai conscience de la difficulté de I'exercice. En réalité, si je prends ce risque c'est essentiellement grâce à la rencontre avec Dominique Reymond. Je n'ai jamais croisé auparavant une comédienne qui pouvait dire comme je voulais ce texte d'homme. "Il est vrai que, assise sur une immense chaise, dans sa grande robe bleue, au bord d'un décor sublime qui joue entre le transparent et le translucide, sa voix aux mille facettes résonne sur ce texte dans une harmonie tout asiatique. C'est du théâtre intime que l'on ne partage qu'à moins de cent spectateurs par soir, les effets sont lumineux, comme le talent de Jacques Rebotier.

Pierre Hivernat in Les Inrockuptibles 21 octobre 97

 
     
 
 
 

libération

Un mot peut en cacher un autre..

Jacques Rebotier met en scène cette alchimie du verbe.

Vous avez commencé par la musique..
.Je n'étais pas particulièrement doué, mais j'ai eu un prof de piano génial. Très tôt, je me suis mis a grifonner des textes et des notes de musique, séparément. J'ai faitbeaucoup de classique, j'étais attiré par la musique orientale, beaucoup moins par le contemporain- J'admirais certaines œuvres, mais je trouvais Ie milieu trop étroit, desséché, pleins de tabous et de non-dits étouffants.
Et vous avez aussi suivi des études de musicologie...

J'ai fait une thèse aux Hautes Etudes sur le langage alchimique: "Le rôle du son dans la pensée symbolique". J'aime l'hermétisme du langage alchimique. Par exemple, pour désigner une table, on pourra en passer par trente mots différents. C'est une broussaille invraisemblable, à laquelle on ne comprend naturellement rien mais qui éveille toujours le désir de comprendre. C'est une quête incessante, comme un horizon qui recule.
Comment êtes-vous venu au théâtre?Ouand j'écrivais des textes, des poèmes, j'avais envie de musique. Et quand je composais de la musique, j'avais envie de mots. Mais je m'interdisais de le faire, je mettais cela sur le compte de ma dispersion naturelle queje voyais comme un défaut. Le déclic a été P(l)ages, une pièce musicale que l'on m'a commandée, avec Michael Lonsdale en récitant. A partir de là, j'ai cessé de m'empêcher. Et tout s'est croisé. J'ai mis des concerts en espace, donné des indications musicales aux acteurs, et compris que j'avais envie de montrer des signes. J'aime la confrontation des formes hyperécrites et hyper- improvisées. J'aime être dehors et dedans. Je sens mal les frontières et les catégories.Ce qui vous amène à brouiller les pistes?
J'ai fait par exemple un disque avec une musique pour orgue de barbarie, où l'on peut trouver un bullettin météo délirant, uniquement compréhensible par les gens qui connaissent le morse. J'adore les couches de sens. La vie est faite de ça: des émotions qui cachent une réflexion qui cache, etc. On voit très bien ce lieu d'ombres dans la façon dont fonctionne le social. Je révérais un jour d'assister au forum de Davos, cette réunion où les maîtres du monde se retrouvent. C'est fascinant d'imaginer que leur seule Préoccupation est: comment arriver à faire avaler que le but des sociétés n'est pas de rendre les gens heureux mais de faire que certains soient plus riches? On se fait sans cesse berner et, pour arriver à décrypter, il faut soi-même composer du complexe, proposer du complexe de façon simple. Le biologiste Henri Laborit m'a ouvert pas mal de choses avec ses notions de niveaux d'organisation différents.
On ne sort pas de l'alchimie? 'Un mot peut en cacher un autre. Tout est bon: jeux de mots, acrostiches... Et contrepèteries, si elles sont à double sens. Par exemple ce dialogue: "J'aurais tant voulu que ce soit toi mon prince marchant/Et toi ma belle au bois mordant". Avec tous les renvois entre marcher/charmer/dormir/mordre. Dans le programme d'Eloge de l'ombre, j'ai parlé de «cacher ce que l'on montre». C'est une expression qui renvoie direcement à une phrase du spectacle Vengeange tardive, où il était question de «cracher ce que l'on monte». La question est toujours: comment introduire du désordre au cœur de l'ordre, et refabriquer de l'ordre? C'est la question centrale de l'Eloge de l'ombre.

René Solis in Libération - 21 octobre 97

 
     
   
 
 

le monde

Jacques Rebotier redonne leur sens aux mots

Cet "hétérodidacte", qui aime briser les cadres entre poésie, musique et théâtre, présente « Réponse à la question précédente »

Quel âge a-t-il lorsque sa professeur de piano, lasse de l'entendre balader les gammes, l'interrompt : " Dis voir, Jacquot, tu ne veux pas être compositeur? " L'une des quarante-sept Autobiographies (classées par ordre de longueur décroissante) de Jacques Rebotier pourrait éclairer l'intuition fondatrice : " A onze ans, je serai musicien pour ne pas avoir à parler une seule langue ; à douze ans écrivain pour penser dans les coins. " Penseur (bilingue) en coins, c'est assez pour lui permettre d'être là où on ne l'attend pas. A dix-huit ans, il passe néanmoins par le Conservatoire de Paris, avant de s'interroger sur la manipulation des métaphores et du symbolisme à la Renaissance. L'action culturelle à Sarcelles l'occupe près de dix années, après quoi il est nommé inspecteur de la musique en Ile-de-France. Rien que de très normal : " Dans inspecteur, il y a le même "spect" que dans spectacle. "
Tout de même, cet " hétérodidacte " (comme il se désigne) démissionne après cinq ans d'exercice, crée sa compagnie (VoQue) - une structure de production musicale, poétique et théâtrale. Première réalisation : Plages (1988). Récitant: Michaël Lonsdale. Des paroles " notées musicalement en allant aussi loin qu'on peut aller avec un comédien dans cette approche ". Conséquent avec son art, avec ses textes, Jacques Rebotier décide alors de leur offrir sa voix. Il ne consommera pas ses mots sans les triturer en public. Sur les planches, le mangeur est aussi démangeur, gueuleur et dégueuleur. Il enregistre ses dérapages sous des titres francs et directs : Sortir de ce corps, ou Le Cours de la langue, ou Sans les mains, sous les pieds, plus si affinités. Même musique en musique : Je te dis : rien, ou La musique adoucit les sons, ou La Voix du tube.

DU RESSENTI

Jacques Rebotier ne veut rien de calculé, niais du ressenti, un cheminement semblable à celui des méandres qui " forment le plus court chemin pour aller jusqu'à la mer ". Ce qui le conduit dans un texte (un livret ?), c'est la chair des mots. " Les mots qu'on utilise sont porteurs de sens, mais ces sens sont biaisés. Mettre ça en évidence et jouer avec, c'est redonner un sens. Quand on arrive à retourner les mots au point d'appeler plans sociaux des plans antisociaux, c'est bien que le langage est un enjeu. "
Et le filage de ces mots vous embobine dans un interminable cordon de continuité sonore. Si, dans d'autres Autobiographies, Jacques Rebotier affirme être " né au moment où je m'y attendais le moins " ou " né avant d'avoir compris ", c'est peut-être qu'il ne veut pas trop savoir où est accroché ce fil qui le retient " entre la naissance et la mort ". Ce cheminement intérieur ininterrompu, cet écoulement musical qui le fascine, " sans cesse en tête, même quand on marche dans la rue, très embrouillé, qui parle tout le temps et se tait subitement ou parle d'autre chose dès qu'on l'écoute, sans offrir jamais de prise ". Ce fil l'intrigue, suffisamment pour qu'il en ait dévidé un bel écheveau personnel au Festival d'Avignon 1993, en parlant sans interruption en public " du coucher au lever du soleil ".
Le grand monologue de Réponse à la question précédente, dit "Litanie du poulailler", n'a pas une origine différente. Il s'est déroulé de lui-même, sans affectation précise, puis il a trouvé sa place dans une pièce dont l'objet, vu du cerveau, est le théâtre lui-même, son vocabulaire, ses non-dits et ses interdits : " Le théâtre d'un théâtre, c'est racine de théâtre, qui est racine de jardin, de parterre, et de planches. " Jacques Rebotier a trouvé le terrain propice pour replanter en musique ces racines baladeuses : " Après, c'est une question de passion et de rencontre avec ce qui est un des derniers lieux d'artisanat, de gratuité, où l'on fabrique des exemplaires uniques. Ce serait un bien grand mot de parler de lieu de résistance, mais du départ à la fin, les rapports d'argent sont un peu mis entre parenthèses. En tout cas dans le théâtre public. " Pour lui, c'est le lieu par excellence où ne pas chercher la beauté. "La beauté, écrit-il, se dérobe sous nos pas de chercheurs de beauté. " Et la laideur est logée à même enseigne. Ce qui importe, c'est de faire éclater les cadres (par exemple entre musique, poésie et théâtre). Il ne salue pas Jarry, Varèse, Dubuffet et Pollock par hasard. " Ce sont des gens que j'aime. Ils ont travaillé sur le désordre, sur l'hétéroclite, sur le geste, sur le corps. Ce sont des bousculants. " Un participe qu'il trouverait vaniteux de revendiquer. Car Jacques Rebotier se méfie de la mission, du message " de l'illusion qui consiste à faire croire que les artistes sont des gens à part, éclairés, qui peuvent intervenir sur le monde. Individuellement, on ne peut pas bousculer les choses. Je suis en révolte quand je vois l'inégalité s'accroître avec la richesse. Mais ce q'est pas par l'art qu'on fait changer ce genre de situation ".

Jean-Louis Perrier in Le Monde - 21 avril 98

 
       
   
 
  documentaire
  Jacques Rebotier, l'hétérodidacte  
  un film de Olivier Pascal, 52mn, 2007  
   
  chaque robotier
   
 
élise caron interviewée par jacques robotier
 
   
 
  deutsch 2
       
 

Jacques Rebotier, Komponist.
1950 in Paris geboren, studierte Jacuqes Rebotier dort am Staatlichen
Konversatorium. Von 1974 bis 1983 lehrte er Komposition und
Musikanalyse an der Sorbonne, anschliessend, von 1985 bis 1989 arbeitet
er als Chefinspektor für Musik am Kulturministerium.
Seit 1989 widmet er sich ausschliesslich der Komposition und der
Kreation. Als Komponist bevorzugt er eine freie und ausdrucksstarke
Musik. Insbesondere interessiert ihn die Verbindung zwischen Musik und
Text, wobei er selbst die Kunstform des oralen Gedichts praktiziert.
Seine Werke wurden von Ensembles wir 2E2M, dem Ensemble
Intercontemporain, Ars Nova, Aleph, Sillages, Accroche-Note, dem
Philharmonieorchester von Radio-France, dem Orchester Ile-de-France,
Court-circuit und zahlreichen Interpreten in Frankreich sowie weltweit
aufgeführt.
P(l)ages - S(t)rand, das Stück, welches ihn bekannt machte, wurde 1988
im Centre Pompidou von Michael Lonsdale und dem Ensemble 2E2M
aufgeführt.
Sein Requiem (1994), geschrieben für 7 Stimmen, 7 Klarinetten, 7 Tote,
Akkordeon, Zimbel, Soprano und Kinderchor, wurde mehrfach unter der
Leitung von Rachid Safir aufgeführt.
Trois tremblement - Drei Beben (1995) für Akkordeon würde von Pascal
Contet uraufgefüht, De rien (1995) vom Ensemble Intercontemporain.
Chants de ménage et d’amour – Gesänge für Haushalt und Liebe (1999) für
Philharmonierorchester wurde von Radio-France produziert.
L’Indien des neiges – Der Schneeindianer (2002), eine Oper für Stimmen
und acht Celli ist eine Auftragsarbeit der Oper Lyon.
Jacues Rebotier ist Autor und Regisseur von Theater-Musikstücken wie
Aphorismes et périls - Aphorismen und Gefahren mit Michael Lonsdale, La
Voix du tube - Die Stimme des Rohrs mit Elise Caron und Pierre Charial,
La Musique adoucit les son - Die Musik besänftigt den Ton (Théâtre du
Lierre, 1992), Réponse à la question précédente - Antwort auf die
vorhergehende Frage (Théâtre de l’Athénée, 1993; Théâtre de la
Bastille, 1998), Vengeance tardive - Späte Rache (TNS-Théâtre National
de Strasbourg, 1995), Quelques nouvelles du facteur – Neuigkeiten vom
Briefträger (Quartz in Brest, Festival Musica Strassburg, Centre
Pompidou, 1996), Eloge de l’ombre - Eloge an den Schatten von Tanizaki
(Théâtre des Amandiers-Nanterre, (Voir plus haut) – (Siehe oben)
Zirkus/Theater, Zoo-muzique (38e Rugissants, Théâtre de Vidy in
Lausanne (1999).
Als Schriftsteler hat er eine vielzahl von Texten bei Verlagen wie
Editions Brandes, Gallimard, Verticales, Les Solitaires intempestifs, Æncrages,
Spectres familiers, Acte-Sud herausgegeben. Seine Arbeit an der oralen
Poesie, allein oder in Begleitung von Musikern (Elise Caron, Gérard
Buquet, Louis Sclavis, Dominique Pifarely, Alexandre Meyer, Frédéric
Minière) basiert auf allen Apekten der Ausdrucksweise, der Aussprache,
der Intonation, der Akzentuierung, des Rhythmus, womit sich der Kreis
mit seiner Arbeit als Komponist wieder schliesst.

Platten (CD)

P(l)ages – S(t)rand, 1994, Adès/MFA (Vertrieb Musidisc)
Requiem, 1996, Radio-France/MFA (Harmonia mundi)
Hommage à Famuel Morfe, 1997, voQue/Le Quartz
Sur mon cœur, sans les mains, sous les pieds, plus si affinité – Auf
meinem Herzen, ohne Hände, unter den Füssen, mehr bei Wohlgefallen,
1997, Radio-France, Les poétiques
L’Indien des neiges – Der Schneeindianer, Januar 2005, Soupir

Werke

Le Bestiaire marin – Die Meeresbestien, Quartet für Flöte und Quartet
für Saxophon,
Perkussion, Chor und Erzähler.
(Artaud, Biget, Leroy, Brochot, Chautemps, Jeanneau, Maté, Solves,
Cukier) 1985

Soif d’aujourd’hui – Durst nach Heutigem für Bassklarinette (Jacques Di
Donato) 1986

Todo bem – Alles gut für tanzende Stimmen (Margarita Schack) 1987

Accidents de discours – Unfälle der Ansprache für Sopran, Klarinette,
Cello, Piano, Perkussion, alle auch Rezitanten (Ensemble Aleph) 1987

T’as qu’a für Flötenensemble und Chor, 1987

Queneau Ko-An für Stimmen und Perkussion (Ensemble Madrigan) 1988

P(l)ages – S(t)rand für Erzähler, Flöte, Klarinette, Cello,
Kriegstrommel, Sand und Wasser (Michael Lonsdale, Ensemble 2E2M) 1988

D’ailleurs – Übrigens für Klarinette (Jacques Di Donato) 1988

Bouts d’opéra – Stückchen einer Oper für Stimme und Kontrabass (Martine
Viard, Frédéric Stochl) 1988

Le Monde vu de ce côté-ci du monde – Die Welt von dieser Seite aus
gesehen für Instrumentalisten-Erzähler (66 brèves – 66 Kurzmeldungen,
Auswahl) (Ensemble 2E2M) 1989

Autres brèves – Weitere Kurzmeldungen für Instrumentalisten-Erzähler
(66 brèves – 66 Kurzmeldungen, Auswahl) (Ensemble Interface) 1989

Sortir de ce corps – Diesen Körper verlassen für
Instrumentalisten-Erzähler (66 brèves – 66 Kurzmeldungen, Auswahl)
(Ensemble 2E2M) 1989

11 croquis de l’animal du temps – 11 Skizzen vom Tier der Zeit für
Erzähler und Kontrabass (Jacques Rebotier, Frédéric Stochl) 1989

3 chants brefs – 3 kurze Gesänge für Sopran, Flöte, Bandoneon, Piano
(Irène Jarsky, Nicolas Brochot, Juan José Mosalini, Gustavo Beytelman)
1989

Vous qui habitez le temps – Ihr, die ihr die Zeit bewohnt, Theatermusik
für Trumscheit und PVC-Monoröhre (Inszenierung von Valère Novarina) (
Jean-Pierre Robert, Jean-Michel Cayre) 1989

La Musique adoucit le ton – Die Musik besänftigt den Ton für
Kontrabass-Erzähler (Frédéric Stochl) 1989

5 brèves – 5 Kurzmeldungen für Instrumentalisten-Erzähler (66 brèves –
66 Kurzmeldungen, Auswahl) (Ensemble für Blechinstrumente und
Perkussion Intercontemporain) 1990

Aphorismes et périls - Aphorismen und Gefahren (Michael Lonsdale und 21
Musiker) 1990

4 brèves – 4 Kurzmeldungen für Perkussion
La terre et son ombre – Die Erde und ihr Schatten für Mezzo-Sopran
(Jean-Pierre Drouet, Martine Viard) 1990

Mélodrame de laine – Rührstück aus Wolle für Sopran und Harfe ( Martine
Viard, Brigitte Sylvestre) 1990

Des Equivoques de la voix – Zweideutigkeiten der Stimme, Musiktheater
(Elise Caron, Jacques Rebotier) 1990

Musique du commencement – Musik des Ursprungs für Heckelphon und Oboe,
komponiert für die Radiosendung eines Texts von Christian Prigent
(Reynald Parrot) 1991

Mon nom – Mein Name für 2 Soprane, 3 Klarinetten, Bandoneon, Bratsche,
Kontrabass (Anne Bartelloni, Donatienne Michel-Dansac, Sylvain Frydman,
Dominique Clément, Carol Mundinger, Per Glorvigen, Frédéric Mangeon,
Frédéric Stochl) 1991

Je suis – Ich bin, Theatermusik für 3 Bratschen (Inszenierung von
Valère Novarina) (Brigitte Raillat, Marie Saint-Loubert-Bié, Emmanuelle
Touly-Stromwasser) Paris/Festival d’Automne am 17.9.91

La Visite imaginaire – Der eingebildete Besuch für Sopran und Erzähler
(Elise Caron, Jacques Rebotier) Mâcon/Museum der Ursulinen 1992

La Voix du tube – Die Stimme des Rohrs, Musiktheater (Elise Caron,
Pierre Charial, Jacques Rebotier) 1992

Fragments d’un dictionnaire de musique – Fragmente eines Musiklexikons
für Geige, Taschengeige, Cello, Klarinette, Piano, Santur, Perkussion,
Sopran und Erzähler (Philippe Arrii-Blachette, Nicolas Paul, Sylvain
Frydman, Christine Lagniel, Eve Payeur, Véronique Azoulay, Jacques
Rebotier) 1992

Les Trois jours de la queue du dragon – Die drei Tage des
Drachenschwanzes für 3 Klarinetten und 1 Erzähler (Dominique Clément,
Sylvain frydman, Carol Mundinger, Jacques Rebotier) 1993

Miserere für 7 Stimmen, 3 Klarinetten, Akkordeon und Sopran (Les
Jeunes Solistes, Ensemble Accroche-Note, Pascal Contet, Françoise
Kubler) 1992-3

Requiem für 7 Stimmen, 7 Klarinetten, 7 Tote, Konderchor, Akkordeon,
Sopran (Les Jeunes Solistes, Maîtrise Notre-dame de Paris, Ensemble
Accroche-Note, Pascal Contet, Gaston Sylvestre, Françoise Kubler)
1993-4

Trois tremblements – Drei Beben für Akkordeon (Pascal Contet) 1993

Clic – Klick, getanztes Musiktheater (in zusammenarbeit mit Georges
Appaix) 1994

Bonjour – Guten Tag für Chor (Pierre Cao, Luxembuerg) 1995

De rien – Macht nichts für Sopran, Klarinette, Tuba und Kontrabass
(EIC) 1996

Quelques nouvelles du facteur – Neuigkeiten vom Briefträger,
Musiktheater (Buquet, Michaud, Contet, Ryle, Berger, Rochetti,
Rebotier) 1996

Je te dis rien – Ich sage dir nichts, Orchesterversion
(Philharmonieorchester Radio-France) 1999

Zoo-muzique (19 Musiker des Ensembles 2E2M) 2000

L’Indien des neiges – Der Schneeindianer, Oper Lyon 2002

Chants de ménage et d’amour - Gesänge für Haushalt und Liebe (Orchester
Ile-de-France) 2003

Zwischen 1993 und 2005 kreierte Jacques Rebotier mehrere Inszenierungen
mit speziellen, von ihm geschriebenen Texten :

Réponse à la question précédente – Antwort auf die vorhergehende Frage
und
La vie est courbe – Das Leben ist krumm, Théâtre de l’Athénée (Paris)
Vengeance tardive – Späte Rache, Théâtre National de Strasbourg
Eloge de l’ombre – Eloge an den Schatten (Regie), Théâtre des Amandiers
(Nanterre)
Voir plus haut – Siehe oben, Zirkus-Theater (Châlons-en-Champagne,
Avignon)
Frontière-frontière – Grenze-Grenze (Forbach, Saarbrücken)
Les Ouvertures sont – Die Öffnungen sind
Descripcion del ombre – Beschreibung des Schattens
Le Théâtre des questions – Das Theater der Fragen, Utopiestück auf
Tournee in verschiedenen Ländern
Le Jeu de la Feuillée – Das Spiel der Laubhütte von Adam de la Halle
(Regie) Comédie Française (Paris)
Description de l’omme – Beschreibung des Enschen
Prologue, Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon