sortir de ce corps
_ présentation_
 

lecture par rené farabet et jacques robotier

Centre Georges Pompidou de Paris - 21 septembre 90

 
   
 


 
 

Il y a dans l'écriture de Jacques Rebotier quelque chose qui n'est pas de l'ordre du cheminement, fil savamment déroulé, mais bien plutôt de l'ordre du carrefour.

De la poésie à la prose, de la narration à l'essai, de l'écriture la plus élaborée à l'oralité pure (et ici, variation des tempi, rythmes, intonations, intensités, articulations, phrasés, car Jacques Rebotier est un lecteur), du plus sophistiqué au plus prosaïque - paradoxe et platitude, tous deux générateurs d'énigme du très référencé, érudit même (Antiquité, Moyen Age) au très quotidien, voire trivial, du jeu de sens au jeu de mot (à entrées toujours multiples, et souvent aux frontières floues du calembour et de l'étymologie) : autant de pôles entre lesquels l'écriture serpente insinument, dérive, dans un brouillage des frontières qui secrète comme une relation d'incertitude.

Parfois l'écriture procède au contraire par juxtaposition de ces éléments, montage même, véritable mise en scène du désordre, où la poésie se fait apologie du manqué de peu, du déplacé, du dérapage, du flop, de la tache, désir de l'imparfait, de "ce qui laisse à désirer ". Amour de l'incongru - "ce qui ne se mélange pas " - , qui culmine peut-être dans l'aphorisme, souvent conçu en coincidentia-oppositorum, "contradiction redondante, ou pléonasme antinomique", par où soudain le temps se fêle, ou se casse.

R.B