le chant très obscur de la langue, suivi de requiem
_ extrait_ _ plus_
 


(...)

24


Mon nom : Nemo, c'est-à-dire ne homo.
Pas d'homme.
Pas de personne.


25



Suivant qu'il parle en son nom. Qu'on s'adresse à lui. Ou qu'on parle de lui.
En théologie et en grammaire, il y a trois personnes.


26



Personne, 1 : qqn.
Personne, 2 : pas de qqn (pas de personne.)
Personne, 3. Néant.



27



(Trois en une : le jeu de Dieu est assez personnel). Voir “quiconque”.




28



Comme personne, c'est-à-dire : en tant qu'individu. Comme personne, c'est-à-dire : aussi bien que n'importe qui.

29



Au XIIIe siècle, le kabbaliste Joseph Gikatila joue sur les mots ani et ain. Je est un néant. Le Néant, c'est Je.
Rien n'est dit nulle part sur ian.

 

30

 

A la même époque, un “point” vaut un quart d’heure. Un “momens” c'est le dixième d'un point. En divisant le moment par 564, on obtient la minute, la "menue", qui vaut en effet assez peu : 0,1595744 de nos actuelles secondes.
La seconde n'existe pas.



31


Au XIIIe siècle, je reviens dans une minute est impossible.

 

32



Quelque temps plus tôt, Orphée, retour d'enfer, en fit lui-même l'expérience.

 

33



Incompréhensible et non rétrogradable, la mort, je n'en reviens pas.


34

Il existe au moins une langue rétrograde: le quechua.

"Quand il fut sur le point d'entrer dans la maison des morts" se dit en quechua: des-morts-la-maison-dans-entrer-sur-le-point-de-fut-il-quand.

35



Orphée, retour d’Enfer : incompréhensible et non rétrogradable, la mort, je n'en reviens pas.

(...)

(Extrait de Requiem)